ALEXANDRE NOLL (1890 - 1970)
"Dans nos intérieurs citadins, les œuvres d’Alexandre Noll apportent un peu de la vie mystérieuse des arbres, comme un appel de la forêt"

ALEXANDRE NOLL (1890 - 1970)

Alexandre Noll naît à Reims le 19 mai 1890 et fait des études artistiques avant de devenir employé de banque. Durant la Première Guerre Mondiale il combat en Orient avec l’armée Serbe, tout en continuant à dessiner et à pratiquer la xylogravure. De retour en France, il s’installe à Fontenay-aux-Roses et décide de poursuivre la voie du bois en exerçant comme tabletier entre 1920 et 1925. Il tourne alors des manches d’ombrelles et parapluies, réalise des pieds de lampes pour Paul Poiret ou des chaussures aux talons gravés pour Perugia.

Noll poursuit en même temps des recherches personnelles autour de l’ébénisterie, en apprivoisant les différents outils tout en apprenant les caractères propres des diverses essences de bois. Ce faisant, il acquiert une virtuosité rare dans le travail de ce matériau, qui lui permettra une grande liberté d’expression où la sculpture est le moyen et non la fin. C’est en effet un truisme de dire que l’artiste aime le bois tant il traite le médium avec une ferveur sans cesse renouvelée, qu’il s’agisse d’essences précieuses comme l'ébène ou le palmier aux plus modestes comme des traverses de chemin de fer patinées et comprimées par le temps.

 

Dès 1935 l’œuvre d’Alexandre Noll s'annonce par des pièces utilitaires (coupes, plateaux ou pichets) réalisées suivant la manière qui sera toujours la sienne : dégrossir la masse à la scie puis la creuser et la tailler au ciseau avant de l’affiner à la gouge et ultimement de la polir au papier de verre ou au tampon. La singularité de la vision de Noll est déjà en germe, entre rendu quasi primitif, et profonde intellectualisation de la sculpture.

On attribue souvent à Michel Ange un aphorisme selon lequel il aurait "vu un ange dans le marbre et ciselé jusqu'à l'en libérer". Cette vision de la sculpture semble partagée par Noll qui explique[1] "je ne tue pas le bois, je lui obéis. Suivant docilement ses contours, ses nœuds, les moindres accidents de ses veines, j’en tire une œuvre inspirée par la nature même."


De créations en créations, toujours fidèle à sa sculpture et son medium, Noll participe à l'Exposition Universelle de 1937 puis prend part au Salon des Décorateurs de 1939. Sa manière singulière et ses œuvres à la fois brutes et d’un raffinement exquis intéressent le public et la critique. René Chavance notamment dira à leur propos[2] :"Un coup d'œil superficiel les ferait ranger, à cause de leur frustres dehors, parmi les manifestations de l'art primitifs (…) témoignages spontanés du folklore, auxquels une sincérité naïve prête souvent tant de charme ? Mais en les regardant de plus prêt on y reconnait l'intervention d’une volonté plus réfléchie : on y découvre les raffinements d'un esprit cultivé, l'expression d'une sensibilité très vive et très personnelle."

En 1943 ses premiers meubles sont présentés à la Compagnie des Arts Français, Jacques Adnet ayant rencontré l’artiste et apprécié ces créations toutes en bois, sans apport de charnières ou de clou. Le sculpteur reste ici encore fidèle à son approche : "Pourquoi infliger au bois la blessure éternelle du fer ? Mes bahuts ont des poignées d’un seul tenant, et des gonds qui font corps avec l’ensemble."[3] Ensuite et à partir de 1946 il expose aux Salons des Réalités Nouvelles et chez Colette Allendy[4] avant de faire l’objet d’une première exposition particulière en 1947 à la Pyramide, suivie d'une à la Gentilhommière en 1950.

 

Devenu un artiste reconnu, Alexandre Noll continue à sculpter inlassablement, habité par cette force tellurique habitant le bois et dont il cherche à exalter la beauté secrète.  Il meurt en novembre 1970 après une vie passée à sculpter sans relâche et à transmettre son amour du bois et son approche de la sculpture à sa fille Odile, qui continue son art. "J’ai besoin de créer parce que c’est une souffrance et en même temps une chose attirante, c’est une attraction, ça donne un sens à la vie, sans cela il n’y a plus rien."[5]

[1] René Chavance in "Alexandre Noll", Art et Décoration, janvier 1938, page 204.

 

[2] ainsi que le cite sa fille Odile pour Histoire de familles, n° 13, 2008, Archives Municipales de Fontenay-aux-Roses.  

 

[3] Dans son article "Alexandre Noll" in Art et Décoration, janvier 1938, page 99.

 

[4] Odile Noll in Histoire de familles. Op. cit  

 

[5] peintre, illustratrice et galeriste parisienne de l'avant-garde

[6] Odile Noll in Histoire de familles. Op. cit

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