Romain de Tirtoff, plus connu sous le nom d'Erté (un pseudonyme formé à partir des initiales de son nom « R » et « T »), est un artiste russe naturalisé français, né le 10 novembre 1892 à Saint-Pétersbourg et décédé le 21 avril 1990 à Paris. Dès son plus jeune âge, il est influencé par sa mère, d'une élégance raffinée, qui inspire plus tard ses célèbres images de femmes « fatales et sinueuses ». Son père, un amiral tatar, espérait le voir suivre la tradition familiale en rejoignant la marine. Toutefois, Erté poursuit sa passion artistique et prend des cours à l’Académie de Saint-Pétersbourg ainsi que dans l'atelier d'Ilia Répine.
En 1907, à 15 ans, il arrive à Paris et commence sa carrière artistique sous le pseudonyme d’Erté. Il s'installe en France en 1910 et étudie à l’Académie Julian tout en dessinant pour des revues de mode. En 1912, il adopte définitivement le nom d'Erté pour éviter de déshonorer sa famille et commence à travailler avec le couturier Paul Poiret, pour qui il crée des décors de présentation de robes et des costumes pour la pièce "Le Minaret" en 1913. Rapidement, il devient l'un des illustrateurs de mode les plus prisés, notamment pour Harper's Bazaar, où il signe un contrat exclusif de 1915 à 1937, réalisant plus de 240 couvertures et influençant durablement le style Art déco de la revue.
Erté est reconnu pour ses dessins élégants et sophistiqués, qui se caractérisent par des figures féminines élancées, des motifs géométriques, et une richesse de détails inspirée par les miniatures persanes de son enfance. Sa fameuse illustration "Symphonie en noir", représentant une femme vêtue de noir tenant un lévrier, est l'un de ses travaux les plus emblématiques. Il a également collaboré avec Vogue et réalisé des costumes pour le théâtre, notamment pour la danseuse Mata Hari et les productions des Ziegfeld Follies en 1923 à New York. Sollicité par Hollywood, il est invité par Louis B. Mayer en 1925 pour concevoir costumes et décors de films, tels que "Paris" de Edmund Goulding, ainsi que pour "Ben-Hur" et "La Bohème".
Dans les années 1930, Erté continue de créer pour les spectacles des Folies Bergère à Paris et les George White's Scandals à New York. Sa carrière connaît un ralentissement durant la Seconde Guerre mondiale, mais il reste actif dans le domaine artistique en décorant des lofts et des lieux emblématiques comme le Folie’s Pigalle. En 1960, il se tourne vers la sculpture, créant des œuvres fantastiques et abstraites en divers matériaux, et expose à Paris en 1964. Sa carrière est relancée par le marchand d'art américain Eric Estorick, et il connaît un regain de popularité grâce à la renaissance de l'Art déco dans les années 1970 et 1980, réalisant des sculptures en bronze, des bijoux, et des objets d'art.
En fin de vie, Erté collabore avec Georges Vriz sur des créations de mobilier et la réalisation de son alphabet en marqueterie, un projet qu'il met plus de quarante ans à achever. Surnommé le "père de l'Art déco", il a exercé une grande influence sur le design du XXe siècle. Ses œuvres sont exposées dans de nombreux musées, dont le Metropolitan Museum of Art à New York, le Victoria and Albert Museum à Londres, et le musée 1999 à Tokyo, qui possède une importante collection de ses travaux. Erté décède le 21 avril 1990 à Paris et repose au cimetière Pierre-Grenier à Boulogne-Billancourt.