Nanda Vigo, née à Milan en 1936 et décédée le 16 mai 2020, est une architecte et designer italienne, figure emblématique de l'avant-garde artistique des années 1960 et 1970.
Issue d'une famille aux origines françaises et austro-hongroises, Nanda Vigo développe très tôt une fascination pour l'architecture. À l'âge de 7 ans, elle est profondément marquée par les jeux de lumière de la Casa Del Fascio de Giuseppe Terragni à Côme. Après des études à l'École polytechnique fédérale de Lausanne, elle devient architecte et travaille dans le studio de Frank Lloyd Wright à Taliesin West.
De retour en Italie en 1959, elle ouvre son propre cabinet à Milan et se rapproche des membres du groupe ZERO. Son premier projet majeur, la Casa Pellegrini (ou Zero House), conçu entre 1959 et 1962 en collaboration avec Lucio Fontana et Enrico Castellani, met en œuvre les principes du groupe : lumière blanche, décor minimaliste en verre, aluminium et miroirs.
En 1959, elle remporte un concours public pour le cimetière de Rozzano avec une proposition audacieuse de deux tours de vingt étages, offrant 14 480 sépultures, mais le projet ne voit jamais le jour.
La même année, elle rencontre l'artiste Piero Manzoni, avec qui elle forme un couple très proche. Cependant, il lui interdit de travailler sous prétexte qu’« ils ne sont pas la famille Curie ». Après sa mort prématurée en 1963, Vigo poursuit ses collaborations avec d'autres artistes, notamment Lucio Fontana. Ensemble, ils créent en 1964 "Utopie" pour la Triennale de Milan, un espace immersif qui joue sur la perception des visiteurs avec des éléments en aluminium rouge, verre imprimé et des néons diffusant une lumière rosée.
En 1964, elle rédige le Manifeste du Chronotope, conceptualisant ses recherches sur la perception des formes et des espaces à travers le verre et le néon. Elle est également invitée par Giò Ponti à la Quadriennale de Rome, où elle réalise un labyrinthe chromatique dominé par le vert.
De 1964 à 1966, Nanda Vigo participe activement aux expositions du groupe ZERO, et après la dissolution du groupe en 1966, elle continue de promouvoir leurs travaux. En 2011, elle organise une rétrospective sur le mouvement à Moscou.
À partir de 1967, elle se concentre sur la création d’ambiances "chronotopiques", des structures de verre texturé montées sur des cadres métalliques tubulaires, qu'elle utilise pour délimiter des espaces et créer de nouvelles perceptions spatiales. En 1974, elle reçoit le New York Award for Industrial Design pour son lampadaire "Golden Gate", une arche de deux mètres en aluminium entourant un néon.
En 2022, le Musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux lui consacre une rétrospective, recréant plusieurs de ses installations pour mettre en lumière son approche expérimentale. La même année, la Biennale de Venise lui rend hommage, confirmant sa place essentielle dans l'histoire de l'art et du design contemporain.