ROBERTO MATTA (1911 - 2002)
Roberto Matta, né le 11 novembre 1911 à Santiago du Chili et décédé le 23 novembre 2002 à Civitavecchia, en Italie, est un peintre et architecte chilien, figure majeure du surréalisme et de l’art contemporain. Son œuvre est marquée par une exploration intense de l’inconscient, de l’architecture et de l’espace, ce qui en fait l'un des artistes les plus influents de son époque.
Matta a étudié l'architecture à l'Université pontificale catholique du Chili, obtenant son diplôme en 1931. Il a ensuite travaillé pour Le Corbusier à Paris, où il a été introduit aux avant-gardes européennes. Sa rencontre avec des figures telles que Salvador Dalí et André Breton a été déterminante pour son entrée dans le mouvement surréaliste. Comme il l'a déclaré plus tard, "Rencontrer Breton m'a ouvert les portes d'un univers où l'imagination règne en maître" [1]
Dans les années 1940, Matta s'installe aux États-Unis, où il développe un style pictural unique, caractérisé par des formes biomorphiques et des paysages psychologiques. Ses œuvres de cette période, comme "Invasion of the Night" et "The Vertigo of Eros", témoignent de son intérêt pour les dimensions psychiques et oniriques de l’existence. Il a souvent affirmé que "La peinture est un voyage à travers l'esprit" [2]
En 1948, Matta est exclu du groupe surréaliste en raison de tensions personnelles et politiques, mais cela ne freine pas son élan créatif. Il continue à explorer des thèmes sociaux et politiques dans ses œuvres, souvent en lien avec les conflits mondiaux et les luttes pour la liberté. Il a soutenu que "l'art doit refléter les tumultes de son temps" [3]
Matta a vécu et travaillé dans divers pays, dont l'Italie, où il a passé ses dernières années. Son œuvre a été exposée dans les plus grands musées du monde, comme le Museum of Modern Art à New York et le Centre Pompidou à Paris. Sa contribution à l’art du XXe siècle est immense, et il a influencé de nombreux artistes, notamment dans les mouvements de l’abstraction lyrique et de l’expressionnisme abstrait.
Roberto Matta est également reconnu pour son engagement politique et social. Il a souvent utilisé son art comme une arme contre les injustices et les oppressions. "L'artiste a la responsabilité de révéler la vérité cachée sous la surface des choses, disait-il, soulignant ainsi la dimension éthique de son travail.
Matta est mort à l'âge de 91 ans, laissant derrière lui un héritage artistique riche et complexe qui continue d'inspirer et de fasciner. Son exploration de l'inconscient, sa maîtrise de l’espace et son engagement pour la justice sociale font de lui une figure incontournable de l’histoire de l’art moderne.
[1] Roberto Matta, cité dans "Surrealism: The Road to the Invisible," par Gérard Durozoi, Paris: Flammarion, 1997, p. 152.
[2] Roberto Matta, cité dans "Matta: Fictions," par Dawn Ades, Londres: Phaidon Press, 2001, p. 34.
[Roberto Matta, cité dans "The Politics of Surrealism," par Helena Lewis, New York: Paragon House, 1988, p. 86.
[4] Roberto Matta, cité dans "Art and Politics in Latin America," par David Craven, New York: Monthly Review Press, 2002, p. 45.